CAROLINE CIAVALDINI : confidences

Ma personnalité, mes motivations.

J’ai grandi sur une île dédiée au surf et Parapente, une île tropicale. Pourtant, peut-être parce que j’avais cela quelque part en moi,  ou peut-être juste par hasard, j’ai goûté à l’escalade.
Bien sûr, je pourrais dire que ce fut le coup de foudre. Bien sûr, je pourrais dire aussi que j’aimais le contact avec le rocher, la montagne. Mais le truc, c’est que j’ai aimé l’escalade à cause des personnes. Les grimpeurs. D’abord, mon professeur d’UNSS, au collège Terrain Fleury du Tampon, Colette Bonnet. Tout enseignant de sport est censé donner quelques heures par semaine pour l’UNSS, mais cette femme a doublé ses heures, nous a trimbales tout autour de l’île sur ses week-ends et jours fériés. Elle avait ce petit truc pour l’escalade, certains l’appellent passion, et elle l’a transmise.


Puis il ya eu mon premier entraîneur, Rémy Barjolain. Il n’avait que 18 ans, un gamin aussi. Mais il m’a donné son temps, son attention, sa passion aussi, et avec lui j’ai gagné mon premier championnat de la Réunion. Plus de gens sont arrivés, Juliette Payet et Philippe Gaboriaud de la FFME, tous différents, mais consacrant tous leur vie à l’escalade. J’ai commencé à comprendre que l’escalade dessinait le cours ma vie.
J’ai gagné le championnat de France jeune et ai, à cette occasion, été invitée à assister a une manche de la Coupe du monde. Voila le plus beau cadeau qu’une fédé puisse offrir, parce que ce jour la  j’ai vu briller les yeux des champions. Yuji Hirayama a été le vainqueur. J’avais juste 16 ans, mais pendant les 12 heures de mon vol de retour vers mon île j’ai pris une des décisions les plus importantes de ma vie. J’ai décidé de devenir une de ces personnes brillantes. J’ai quitte ma maison au Tampon, me suis installe en Métropole ; je commençai ma vie de compétitrice, et vite, je commençai à gagner.
L’escalade venait de me donner son premier cadeau inestimable: un but, un chemin de vie.
J’ai passé dix ans à poursuivre mon but, gagner. Je ne suis pas sûr que beaucoup de gens comprennent ce qu’est l’entrainement. J’ai étudié en même temps, passé mes concours de professeur agrégée de SVT. Aussi dures que puissent être ces études, ce n’était rien comparé à la rigueur de l’entrainement. Je ne peux pas l’expliquer. J’aurais besoin d’une heure pour vous donner un aperçu de ce que c’est que s’entrainer, mentalement, physiquement, chaque jour de chaque mois, chaque année. Mais a travers ces efforts, je reçu mon deuxième présent : j’ai appris à me battre, à me concentrer, à planifier, à faire face à l’échec, faire face au succès, et de ne jamais abandonner.
Et j’ai atteint mon but! J’avais été 3 fois Champion du Monde jeune, 13 fois deuxième en Coupe du monde … et au bout de dix ans, alors que je ne l’attendais presque plus, j’ai gagné. A Chamonix, en face de mon pays, j’ai eu la meilleure expérience d’escalade dans ma carrière de compétition. Je me souviens d’un passage où je commençais à tomber. Puis quelque chose s’est passé, la foule qui pousse peut-être? Je ne sais pas? J’ai refusé de tomber, j’ai fermé mon bras, et j’ai terminé ma voie
L’escalade m’avait donné mon troisième présents. J’avais gagné cette certitude cette incroyable confiance en soi. Je savais que je pouvais tout réussir. Je savais comment travailler pour quelque chose et le réaliser.
J’ai fini ma vie de compétitions maintenant, j’ai une vie à vivre. J’ai des falaises  vierges et des pays à explorer, des aventures à vivre. J’ai découvert avec James (Pearson) une nouvelle dimension dans l’escalade : le Trad. C’est une autre discipline que la compétition, comme le free ride par rapport au ski de descente. Plus aventurière, plus libre, on grimpe sur une falaise totalement vierge, on pose ses protections soit même, et donc on choisit seul son itinéraire.

Je commence également à grandir en tant que personne. Ma façon de gérer les compétitions était très autocentrée et j’ai toujours su que ce comportement aurait à changer à un moment donné. Il est maintenant temps de donner à mon tour, de transmettre. Je veux montrer ma petite île au monde, et je veux montrer aux gens de mon île mon monde. Alors nous y voilà, de retour à la Réunion.

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